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Dans l’analyse suivante, nous explorons les réponses à deux exécutions extrajudiciaires différentes afin de comprendre les différentes formes de violence qui se manifestent actuellement dans notre société. En annexe, nous proposons un tour d’horizon incomplet de diverses réponses à l’assassinat de Brian Thompson, le PDG d’UnitedHealthcare.
Chaque jour, une cinquantaine de personnes sont tuées par balle aux États-Unis. Le 4 décembre 2024, l’une d’entre elles était Brian Thompson, le PDG d’UnitedHealthcare, la société d’assurance maladie la plus rentable du pays. Au cours des semaines qui ont suivi, nous avons toustes entendu parler de ce PDG bien plus que d’aucune des centaines d’autres personnes tuées par balle ce mois-ci. En parallèle, l’attaque a suscité un élan de soutien, malgré les efforts des médias et des patrons pour la réprimer.
Le 13 décembre, le président Donald Trump et le vice-président JD Vance ont invité Daniel Penny à se joindre à eux lors du match de football américain entre l’armée et la marine, uniquement parce que ce dernier avait assassiné de manière insensée une personne noire et avait été acquitté1. Ici, nous voyons certaines des personnalités politiques les plus puissantes du monde tenter de susciter l’enthousiasme pour les exécutions extrajudiciaires, à condition qu’elles ciblent des personnes marginalisés.
Il faut comprendre la réaction populaire au meurtre du PDG d’United Healthcare dans le contexte d’une société où la vie est de plus en plus bon marché. Après que l’extrême droite a glorifié George Zimmerman et Kyle Rittenhouse ; après que des millions de personnes ont participé à un soulèvement national exigeant que la police cesse de tuer des Noirs et des personnes de couleur, pour ensuite voir les politiciens de toute couleur redoubler d’efforts pour soutenir la police, avec pour conséquence que celle-ci a continué d’assassiner des gens à un rythme de plus en plus rapide ; après le soutien bipartisan au génocide à Gaza ; après des centaines de fusillades dans des écoles, des centaines de milliers d’overdoses d’opioïdes et des millions de décès dus au COVID-19, sans parler des innombrables décès évitables résultant des industries de la santé et des assurances à but lucratif, est-il vraiment si surprenant qu’une personne ait tiré sur un dirigeant ? Ce qui est surprenant, c’est que dans presque tous les autres cas, les tueurs ont ciblé des personnes moins puissantes qu’eux.
La décision de Trump d’accueillir Daniel Penny est une mise en pratique littérale du dicton de Frank Wilhoit selon lequel « il doit y avoir des groupes dominants que la loi protège mais n’oblige pas, et des groupes dominés que la loi oblige mais ne protège pas ». En revanche, l’assassinat du PDG d’UnitedHealthcare suggère que la loi ne peut pas toujours protéger les groupes dominants des groupes dominés.
Mais il ne s’agit pas seulement d’une question de violence dirigée vers le bas de la hiérarchie sociale ou de violence dirigée vers le haut. Nous parlons de deux types de violence très différents. Appelons-les la violence sacrificielle et la vengeance.
La violence sacrificielle
Qu’est-ce que la violence sacrificielle ?
Selon René Girard, dans Violence et sacré,
Lorsqu’elle n’est pas apaisée, la violence cherche et trouve toujours une victime de substitution. La créature qui s’est attirée la fureur est brusquement remplacée par une autre, choisie uniquement parce qu’elle est vulnérable et proche.
Girard s’inscrit dans une longue tradition d’anthropologues européens dont les spéculations se résument à une série d’histoires simplistes sur l’humanité2. Mais nous n’avons pas besoin d’adhérer à l’ensemble de son travail pour comprendre de quoi il parle ici :
Le sacrifice sert à protéger la communauté entière de sa propre violence ; il l’incite à choisir des victimes en dehors de la communauté. Les éléments de dissension dans la communauté sont déplacés vers la victime sacrificielle et éliminés, au moins temporairement, par son sacrifice.
En bref, la violence sacrificielle est une recherche de bouc émissaire poussée jusqu’au meurtre, fonctionnant comme un moyen ritualisé de préserver une société dans laquelle subsistent d’énormes tensions internes non résolues.
Si elle n’est pas apaisée, la violence s’accumulera jusqu’à déborder de ses limites et inonder les environs. Le rôle du sacrifice est d’endiguer cette marée montante de substitutions indiscriminées et de rediriger la violence vers les « bons » canaux.
Et qui constitue le bouc émissaire idéal ?
Toutes nos victimes sacrificielles […] se distinguent invariablement des êtres non sacrifiables par une caractéristique essentielle : il manque entre ces victimes et la communauté un lien social crucial, de sorte qu’elles peuvent être exposées à la violence sans crainte de représailles. Leur mort n’entraîne pas automatiquement un acte de vengeance. L’importance considérable que revêt cette absence de représailles pour le processus sacrificiel nous fait comprendre que le sacrifice est avant tout un acte de violence sans risque de vengeance.
Cette équation explique pourquoi les bigots ordinaires cherchent leurs cibles parmi les plus marginalisés – celleux que personne ne vengera. Mais le concept de Girard va plus loin, montrant comment cela peut aider à protéger l’État en temps de crise.
Cela explique peut-être pourquoi Trump a pu remporter l’élection de 2024 en promettant de perpétrer des violences gratuites contre les sans-papiers et les personnes transgenres. Mener « la plus grande opération d’expulsion de l’histoire américaine », comme Trump s’est explicitement engagé à le faire, ruinerait l’économie américaine. Cela n’apporterait aucun gain matériel à la grande majorité de ses partisans, qui profitent du travail sous-payé des sans-papiers et du prix bon marché des produits qui en résulte. D’un point de vue purement économique, exploiter le travail des sans-papiers à l’intérieur des frontières des États-Unis offre plus d’avantages aux partisans de Trump que leur expulsion ne le pourrait jamais. À tous égards, c’est un gaspillage de ressources : expulser un million de personnes en un an coûtera dix-huit fois plus que ce que le monde entier dépense chaque année pour la recherche sur le cancer.
En d’autres termes, les expulsions massives sont un luxe coûteux que les partisans de Trump considèrent comme valant la peine d’être dépensé, car ils ressentent si intensément le besoin de violence.
Il en va de même pour le désir de voir la violence exercée – à la fois judiciairement et extrajudiciairement – contre les personnes transgenres et contre les femmes en général. La propagande mensongère affirmant à tort que les personnes transgenres commettent des fusillades de masse ou que les immigrants sans papiers contribuent à une vague de criminalité n’est pas perçue par son public cible comme une enquête statistique, mais plutôt comme une satisfaction de leur désir de faire violence à la vérité elle-même, comme une étape vers la violence envers celleux qu’ils imaginent pouvoir être blessés « sans crainte de représailles ». Ils n’ont pas été trompés par des reportages erronés ; leur désir de violence a créé un marché pour les mensonges.
Comme nous l’avons soutenu lors de la première administration Trump, Trump n’est pas devenu populaire en promettant de redistribuer la richesse, mais en promettant de redistribuer la violence. Cette redistribution de la violence crée une soupape de pression pour toute une série de ressentiments. Pour citer Girard, une fois de plus :
Le désir de commettre un acte de violence sur ceux qui nous entourent ne peut être réprimé sans conflit ; nous devons donc détourner cette impulsion vers la victime sacrificielle, la créature que nous pouvons abattre sans crainte de représailles, puisqu’elle n’a pas de défenseur.
Pourquoi les sociétés sont-elles poussées à désirer la violence sacrificielle en premier lieu ? S’il est vrai que la violence sacrificielle sert à canaliser la colère loin de celleux qui la provoquent, alors nous pouvons en déduire que plus il y a d’injustice dans une société – plus les gens sont opprimés, exploités et humiliés par celleux qui ont plus de pouvoir et plus de privilèges qu’elleux – plus le besoin de violence sacrificielle sera fort3.
Cela nous ramène à la décision de Trump de célébrer Daniel Penny. À une époque où la colère se répand de plus en plus, le rôle que joue la violence sacrificielle pour détourner la violence des responsables du mal est essentiel pour maintenir la stabilité de l’ordre établi. C’est le monde de Hunger Games devenu réalité.
Que feraient tous ces gens en colère si leur rage n’était pas assouvie par la violence contre ceux qui sont plus vulnérables qu’eux ?
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Une banderole accrochée à Chicago sur Lake Shore Drive le 9 décembre 2024.
La vengeance
La vengeance est fondamentalement différente de la violence sacrificielle. Elle vise la personne la plus responsable d’une injustice spécifique, quelle que soit sa position dans la hiérarchie sociale.
En règle générale, les personnes les plus responsables de l’injustice sont généralement parmi celles qui possèdent le plus de pouvoir. Sinon, comment auraient-elles la possibilité de faire autant de mal ? Le citoyen moyen aux États-Unis a beaucoup plus à craindre des dirigeants d’entreprise que des immigrants sans papiers.
Ce sont les puissants qui sont en mesure de représenter la plus grande menace pour tous les autres : cela va de soi, malgré les efforts des médias et des plateformes de réseaux sociaux détenus par des milliardaires pour humaniser les riches et déshumaniser les pauvres.
Lorsque nous voyons des gens focaliser leur colère sur les plus faibles, dans un contexte qui est le plus inégalitaire depuis des générations, c’est un signe évident qu’ils ont été bernés. Il est révélateur que le mouvement populiste autour de l’homme le plus riche à avoir jamais été président des États-Unis soit présenté comme une « révolte contre les élites », alors même qu’il rassemble les gens pour adorer des oligarques comme Trump et Elon Musk. Il n’y a plus aucun moyen de rallier les gens sans au moins faire semblant de s’attaquer au minimum à une partie de la classe dirigeante.
Il est terrifiant de se rendre compte que ses ennemis sont considérablement plus puissants que soi. Il est beaucoup plus facile de faire porter ses malheurs sur celleux qui sont encore plus mal lotis. C’est plus facile – et totalement inutile – et d’une lâcheté méprisable.
L’assassinat du PDG d’UnitedHealthcare a suscité une réaction aussi forte parce qu’il a posé très clairement la question : faut-il recourir à la violence contre les plus vulnérables ou contre les plus responsables ? Il a parlé à des millions de personnes, car, de tous bords politiques, tous ont compris que les profiteurs des assurances sont responsables de leurs souffrances ou de celles des personnes pour lesquelles iels ont de l’empathie. C’est précisément parce qu’il a été compris comme une forme de représailles que l’assassinat a mis en lumière l’injustice qui sévit à grande échelle.
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Des commentateurs sur Youtube discutent de leurs ressentis à propos de la fusillade du PDG d’UnitedHealthcare.
Girard nous met en garde contre la vengeance, arguant qu’un simple acte de représailles peut déclencher une réaction en chaîne :
La vengeance est donc un processus interminable, infiniment répétitif. Chaque fois qu’elle se manifeste dans une partie de la communauté, elle menace d’impliquer l’ensemble du corps social. Il y a le risque que l’acte de vengeance déclenche une réaction en chaîne dont les conséquences s’avéreront rapidement fatales… La multiplication des représailles met instantanément en péril l’existence même d’une société.
Ou du moins, elle mettrait avec certitude en péril l’existence de cette société-ci. Une société dans laquelle les capitalistes sont capables d’amasser des milliards en exploitant impitoyablement tout le monde – une société qui ne peut rester stable qu’en ciblant de plus en plus de personnes par de la violence sacrificielle – comporte déjà un certain degré de péril.
En fait, ce que craignent le plus les capitalistes, c’est que cet acte de vengeance puisse impliquer l’ensemble du corps social, qu’il puisse déclencher une réaction en chaîne. C’est pourquoi Luigi Mangione, l’homme accusé d’avoir tiré sur le PDG d’UnitedHealthcare, est accusé du même crime au niveau de l’État et au niveau fédéral en plus d’avoir classé l’affaire sous terrorisme.
Girard a-t-il raison sur les risques de la vengeance ? Nous pouvons admettre que de nombreuses personnes ont des croyances sincères mais erronées sur les responsables de leurs souffrances, sans parler de la propension à la violence sacrificielle que les puissants cherchent à encourager pour leur propre protection. Mais est-il préférable d’habiter une société dans laquelle les puissants peuvent infliger n’importe quelle quantité de mort et de souffrance aux faibles sans craindre les conséquences, y compris le génocide pur et simple ? Est-ce vraiment la meilleure façon de protéger la société ?
Nous pouvons également admettre qu’il est bien mieux de résoudre les conflits à la satisfaction de toutes les parties que de sombrer dans d’interminables querelles de sang.4 Mais l’État n’existe pas réellement pour résoudre les conflits. L’appareil judiciaire et les centaines de milliers de policiers qui le servent existent pour s’assurer que les conflits ne doivent pas être résolus à la satisfaction de toutes les parties impliquées. Ils existent pour imposer des résultats insatisfaisants aux gens, presque toujours à l’avantage des riches – perpétuant ainsi les conditions qui alimentent le désir de violence sacrificielle.
Si Girard a effectivement raison de dire que la violence sacrificielle est toujours dirigée contre celleux qui peuvent être « exposés à la violence sans crainte de représailles », alors il va de soi que la vengeance est le seul moyen de la contenir une fois qu’elle est déclenchée.
S’opposer à la vengeance et accepter la violence sacrificielle ne permettra pas d’éviter les effusions de sang ; cela ne peut que garantir que le carnage déjà en place ne menace pas l’ordre social. Aujourd’hui, la grande majorité d’entre nous est plus proche de faire partie de ceux qui peuvent être tués « sans crainte de représailles » que de devenir des cadres dont la mort sera pleurée dans les médias nationaux – et moins nous agirons en solidarité les unes avec les autres, plus cela sera vrai. Si nous ne voulons pas risquer un jour d’être nous-mêmes victimes de violence sacrificielle, nous devons devenir capables de forger une cause commune avec celleux qui sont plus mal lotis que nous afin de nous défendre contre celleux qui cherchent à nous exploiter et à nous opprimer.
En l’absence de modèles collectifs efficaces d’autodéfense et de changement social, la vengeance reste dans l’imaginaire populaire comme le seul moyen restant de prendre position contre l’injustice. La violence sacrificielle corrompt et avilit tous ceux qui en tirent un soulagement ; en revanche, la vengeance exprime au moins un désir désespéré d’un monde sans injustice. Comme l’admet lui-même Girard,
C’est précisément parce qu’ils détestent la violence que les humains font de la vengeance un devoir.
Au-delà du martyre
Dans l’iconographie de la violence sacrificielle et de la vengeance, le bouc émissaire et le martyr sont des archétypes jumeaux. Le premier est sacrifié pour stabiliser l’ordre existant, le second sert à sanctifier un nouvel ordre en donnant sa vie pour lui. En se sacrifiant, le martyr démontre que le nouvel ordre a une valeur transcendante, qu’il vaut plus que la vie elle-même. Ces archétypes sont vieux de plusieurs milliers d’années ; leur influence sur nous est plus profonde que nous ne le pensons.
Bien sûr, la plupart des gens ne sont attirés par le martyre qu’en tant que spectateur. Les sacrifices des martyrs s’avèrent souvent plus utiles à celleux qui n’ont pas l’intention de risquer leur propre vie pour une cause quelconque. La réaction populaire au meurtre du PDG d’UnitedHealthcare montre à quel point des millions de personnes sont désillusionnées par le capitalisme et ses bénéficiaires, mais cette réaction est aussi un symptôme de désespoir et de démobilisation généralisés. Le meurtre a suscité un tel déferlement de frustrations refoulées précisément parce que ces personnes n’ont pas été capables de déterminer ce qu’elles pouvaient faire elles-mêmes pour mettre un terme à l’injustice et à l’exploitation.
Il nous appartient de montrer qu’il existe des moyens de résister à l’injustice et à l’exploitation qui ne finissent pas en martyr. Si nous ne popularisons pas les modèles collectifs de changement social, si nous laissons les gens choisir entre la passivité et le martyre, la grande majorité choisira la passivité.
Celleux qui n’approuvent ni la violence sacrificielle ni la vengeance feraient mieux de montrer une alternative efficace. Argumenter contre la vengeance sans rien faire pour changer les conditions qui la provoquent ne peut que préparer le terrain pour qu’encore plus de violence sacrificielle se produise à sa place.
Ne vous y trompez pas, à mesure que les crises économiques et écologiques s’intensifient, nous allons voir de plus en plus de violence sacrificielle – et de plus en plus de personnalités publiques en viendront à la considérer comme nécessaire, même si elles n’osent pas l’appeler par son nom. La rhétorique violente de Trump n’est pas un excès temporaire ; c’est simplement la manifestation la plus visible d’un mécanisme qui a déjà repris le rôle essentiel qu’il joue dans la stabilisation de l’ordre social à chaque période de troubles.5
En tant qu’anarchistes, la mathématique spirituelle de la culpabilité et de la punition qui sous-tend le système de vengeance nous est étrangère. Calculer la culpabilité et infliger des souffrances est l’œuvre de l’État, de son système judiciaire et de son Dieu ; nous avons d’autres ambitions. Nous ne souhaitons pas voir comme une fin en soi le fait que les coupables soient punis – nous cherchons à supprimer les moyens par lesquels ils oppriment. Nous renoncerions à l’accomplissement de toute vendetta si nous pouvions ainsi provoquer l’abolition du capitalisme, même si cela signifiait permettre à chaque ancien milliardaire de se promener librement. Nous ne cherchons pas à inciter les autres à devenir des martyrs à notre place. Nous aspirons à être un modèle du type de courage, d’humilité et d’attention que nous espérons que d’autres exprimeront à nos côtés afin qu’ensemble nous puissions changer le monde.
Mais tant que nous n’y parviendrons pas, il y aura de la violence sacrificielle – et de la vengeance.
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Graffiti vu à Seattle, Washington.
Annexe
Selon un sondage, plus de 40 % des jeunes interrogés ont jugé l’assassinat de Thompson « acceptable ». Des photographies de graffitis, de banderoles et de panneaux publicitaires modifiés exprimant leur soutien à Luigi Mangione, la personne actuellement accusée du meurtre du PDG, sont devenues virales et ont fait la une des journaux. Le Comité juridique du 4 décembre participe à une campagne de collecte de fonds pour soutenir la défense juridique de Mangione ; des interviews avec les porte-parole Sam Beard et Jamie Peck ont été diffusées sur des médias tels que CNN, attirant des centaines de commentaires de soutien. Au moment de la rédaction de cet article, la collecte de fonds en ligne a permis de récolter plus de 186 000 dollars.
Voici un tour d’horizon incomplet des graffitis, affiches, interviews dans les médias et manifestations concernant le meurtre de Brian Thompson ou exprimant leur soutien à Luigi Mangione, la personne accusée de l’avoir commis.
Sam Beard s’exprimant sur CNN au nom d’une campagne de collecte de fonds en faveur de la défense juridique de Luigi Mangione.
Pacifique Nord-Ouest
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Une affiche vue à Portland, Oregon.
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Graffiti sur une autoroute à Medford, Oregon.
Californie
- Une banderole est apparue à Turlock, en Californie.
- Deux banderoles sont apparues sur le pont reliant San Francisco, en Californie.
- Graffiti vu à Riverside, en Californie.
- Panneau d’affichage redécoré à Inland Empire, en Californie.
- Graffiti vu à Hollywood, en Californie.
- Graffiti vu à San Diego, en Californie.
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Graffitis sur un train de marchandises photographiés dans la région de la baie de San Francisco.
Sud-ouest
Centre
- Un pochoir vu à Austin, Texas.
- A Austin également, le 21 décembre, plusieurs personnes ont participé à une manifestation et ont fait circuler le retour suivant :
Aujourd’hui, six Luigi ont porté quelques banderoles sur une passerelle très fréquentée du centre-ville d’Austin et ont dansé au rythme de la chanson thème de Mario. Les piétons ont applaudi, écrit des lettres à Luigi et ont même pris des photos avec les banderoles. Le contenu des lettre allaient d’histoires déchirantes sur des membres de leurs familles qui se voyaient refuser des soins de santé à des lettres d’amour. L’accueil général a été extrêmement bon. Des tracts ont été distribués qui ciblaient la plus grande compagnie d’assurance maladie du Texas, Blue Cross Blue Shield. On pouvait y lire :
« Le 4 décembre, le PDG d’UnitedHealthcare, Brian Thompson, a été abattu. Les douilles des balles en disent long : c’était un acte de vengeance contre UnitedHealthCare, qui rejette plus de 30 % des demandes d’indemnisation des assurances santé – une entreprise emblématique d’un système qui tue. Chaque année, plus de 50 000 Américains meurent faute d’assurance. 38 % d’entre nous évitent les soins nécessaires parce que nous avons peur du coût qu’ils représente. Une personne sur douze croule sous les dettes médicales. Les compagnies d’assurance maladie ne sont pas des médecins. Elles ne soignent pas – elles tirent profit de la restriction de l’accès aux soins. Pendant que nous rationnons les médicaments, retardons les rendez-vous et nous inquiétons des factures, elles engrangent des milliards. Nous devenons plus malades et elles s’enrichissent. Cette violence n’est pas montrée au journal du soir. Elle est enfouie sous leur marketing, leur paperasse sans fin, leurs petits caractères de bas de page. Mais ne vous y trompez pas : c’est de la violence. Et ils rient pendant tout le trajet jusqu’à la banque. Blue Cross Blue Shield, le plus grand assureur du Texas, refuse une demande d’indemnisation sur cinq tout en empochant 18 milliards de dollars de revenus. Que la mort de Thompson vous ait rempli de joie ou d’horreur, elle a fait tomber le masque. La vérité a été mise à nu : ces sociétés sont complices de souffrances généralisées. Pensez à la dernière fois où vous ou un de vos proches vous êtes inquiété d’une facture médicale. Vous avez repoussé les soins à cause du coût. Vous avez réduit de moitié les pilules pour les faire durer. Vous avez ressenti la violence qu’ils infligent. Aujourd’hui, les médias et le gouvernement se démènent pour faire tourner le récit, qualifiant Briana Boston, une mère de famille de la classe ouvrière, de « terroriste » pour avoir prononcé « Deny, Defend, Deposition » lorsque ses demandes d’indemnisation ont été refusées. Nous devons rester lucides : un petit groupe s’enrichit grâce à nos maladies. La solution est tout aussi simple : abolir ces entreprises et nationaliser l’assurance maladie. Les soins de santé à payeur unique fonctionnent partout ailleurs dans le monde développé, où les gens vivent plus longtemps et en meilleure santé. Les Texans, en revanche, meurent trois ans plus jeunes, victimes des soins de santé privés. La seule question qui reste est la suivante : quand allons-nous arrêter d’attendre et prendre ce qui nous appartient ? »
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Austin, le 21 décembre.
Midwest
- Graffiti vu à Chicago, Illinois.
- D’autres graffitis vus à Chicago, Illinois.
- Une banderole déployée à Chicago, Illinois.
- Graffiti vu à Fayetteville, Arkansas.
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Graffiti vu à Chicago, Illinois.
De plus, un rassemblement a eu lieu à Indianapolis, Indiana. Extrait d’un compte-rendu de l’action :
Aujourd’hui, nous protestons contre Elevance Health, non pas dans son rôle d’acteur distinct sur le marché de l’assurance maladie, d’agent unique dans la salle des miroirs du capitalisme contemporain. Elevance fonctionne exactement de la même manière que la CSU dans la façon dont elle classe les corps et juge que certains méritent des soins et que les autres ne valent tout simplement pas le temps ou l’effort. De cette manière, la seule différence entre les deux est une question de degrés dans les sous-domaines. Nous pensons qu’il est nécessaire de s’opposer à ce système de classement général des espérances de vie à une époque où justement les espérances de vie se déprécient. C’est une condition préalable nécessaire à une vie qui vaut la peine d’être vécue. Nous pensons que tout le monde mérite des soins. Nous pensons que chacun mérite d’avoir accès à une vie saine selon ses propres critères. Elevance et la CSU constituent toutes deux des obstacles à cette possibilité. C’est pourquoi nous nous y opposons.
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Graffitis vus à Fayetteville, Arkansas.
Sud-est
- Graffitis vus à Chattanooga, Tennessee.
- Graffitis vus à Richmond, Virginie.
- Un autocollant vu à St. Petersburg, Floride.
- Une banderole photographiée à Atlanta, Géorgie.
Nord-est
- Des affiches sont apparues à Pittsburgh, Pennsylvanie.
- Des graffitis sont apparus à Philadelphie, Pennsylvanie.
- Une banderole affichée à Vermont.
- Des graffitis sont apparus à Baltimore, Maryland.
- Plusieurs cas de graffitis sont apparus à New York, ainsi que des affiches de PDG « Wanted ». Une manifestation bruyante a également eu lieu à l’extérieur du Ziegfeld Ballroom. Un participant a déclaré :
« Vous savez que le thème de l’événement de ce soir est les années folles. Dans les années folles, il y avait beaucoup de richesse et d’inégalités, tout comme maintenant. Alors qu’ils boivent du champagne et pensent au glamour, nous pensons aux gens que nous aimons qui sont pauvres, qui sont malades et qui ne peuvent pas se permettre des soins de santé. »
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Santiago, Chili.
Thanks to Projet Evasions for the translation.
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Lorsqu’ils l’ont invité au match de football, Penny venait d’apparaître sur Fox News pour décrire la « culpabilité » qu’il « aurait ressentie si quelqu’un avait été blessé » – indiquant clairement qu’il ne considérait pas Jordan Neely, la vicitme, comme un être humain. ↩
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Par exemple, Girard soutient que le désir émerge de manière imitative et que cela provoque inévitablement des tensions violentes entre les gens, car cela les pousse à rivaliser pour les mêmes objets rares. On pourrait rétorquer que si certaines des choses que les gens désirent sont effectivement sujettes à la rareté, le désir imitatif pourrait également donner lieu à une coopération, produisant l’abondance au lieu de la rareté et diminuant l’impulsion à la violence, sacrificielle ou autre. En bref, Girard fait un travail convaincant en décrivant le rôle de la violence sacrificielle dans les sociétés affligées, mais il ne parvient pas à prouver qu’elle est inévitable. ↩
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Cela explique pourquoi certains des nouveaux électeurs que Trump a conquis lors des élections de 2024 sont directement adjacents aux groupes démographiques qu’il s’engage à attaquer : situés près des marges, celleux qui subissent l’injustice, iels ressentent l’urgence de la violence plus que la plupart. ↩
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Il existe une longue tradition, qui remonte à l’Orestie d’Eschyle, d’ouvrages philosophiques et littéraires affirmant que le pouvoir d’État et le système judiciaire centralisé qui l’accompagne ont été inventés afin de mettre fin au cycle de violence que Girard considère comme le résultat inévitable de la quête de représailles. Dans la tradition islandaise, l’ouvrage équivalent est probablement la Saga de Njál, qui raconte les vendettas et la résolution des conflits sur un demi-siècle, à l’époque où l’Islande n’avait pas encore de gouvernement centralisé. Cependant, la gouvernance étatique centralisée s’est imposée en Islande bien plus tard que dans la Grèce antique, de sorte que nous pouvons comparer le mythe présenté dans l’Orestie à la réalité de l’histoire islandaise. En fait, le gouvernement centralisé n’est pas apparu spontanément en Islande comme un moyen de résoudre les conflits ; En fait, une fois que les conflits entre les différentes parties locales sont devenus insolubles, le roi de Norvège a pu profiter de l’occasion pour prendre le contrôle de l’Islande et y imposer sa loi. Si cet exemple est une indication, la réalité est exactement l’opposé du mythe : ceux qui ne peuvent résoudre les conflits entre eux finiront par être subordonnés à l’État, qui est lui-même le résultat d’un conflit non résolu qui s’est métastasé en une condition permanente, et non la solution à un conflit non résolu. ↩
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Afin d’offrir au public américain une violence sacrificielle, la génération précédente de politiciens républicains a envahi l’Irak à plusieurs reprises. C’était une époque plus clémente, plus douce, où les victimes sacrificielles étaient principalement recherchées hors des frontières des États-Unis. Tout comme la guerre actuelle contre les sans-papiers, ces invasions ont été justifiées par des prétextes manifestement faux et des alarmismes. Le résultat a été une sorte de beuverie dont les politiciens des deux partis sont sortis avec des regrets, ayant complètement déstabilisé le Moyen-Orient et rendu le monde considérablement plus dangereux. ↩